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Stratégie du Omaha High Low

Introduction au Omaha Poker

Il arrive fréquemment que les gens me demandent quel livre je recommanderais à un joueur débutant de Omaha. Habituellement, je réponds la Bible, même s'il existe d'autres livres qui peuvent être utiles. Le Omaha a une tendance à mener les joueurs débutants à la prière alors que cela ne devrait pas être nécessaire.

On me demande aussi souvent pourquoi je n'écris pas mon propre livre sur le Omaha. Ce texte n'est pas un livre, et il n'a pas pour but de se préoccuper des qualités complexes et perfectionnées que les meilleurs joueurs de Omaha maîtrisent. Il s'agit d'une introduction aux stratégies clés qui se trouvent derrière le jeu. Mais s'il ne s'agit pas d'aborder ici des concepts les plus compliqués, j'y parle de concepts qui pourront être utiles à de nombreux joueurs expérimentés, pas uniquement aux novices.

Par Omaha, j'entends ici la variante la plus commune du Omaha Holden : Limit Omaha HiLo Split, Omaha8, Omaha/8, Omaha High-Low, Omaha Split, Omaha Eight-or-Better. L'Omaha se joue aussi Limit High Only, Pot Limit High, et Pot Limit HiLo Split. Si certains concepts sont applicables à d'autres variantes, d'autres ne le sont pas. Allez voir les liens ci-dessous pour avoir des idées sur la stratégie dans les autres variations.

Deux cartes, toujours deux cartes. Une main au Omaha est constituée de trois cartes parmi les cinq cartes communes de la table, et de deux cartes distribuées au joueur – toujours trois cartes de la table et deux de votre main. Vous pouvez utiliser la même combinaison de cartes ou des combinaisons différentes pour faire votre main haute et votre main basse (si vous en avez une), mais quoi qu'il arrive, vous devez toujours utiliser deux cartes de votre main et trois de la table. Ceci est important non seulement parce que c'est une règle et que vous devez le faire, mais aussi pour vous permettre de penser à la façon dont votre main va intégrer les trois cartes de la table. Votre main doit coopérer avec la table. (La coopération est un principe récurrent du Omaha). Vous ne devez jamais penser à votre main de façon isolée. Elle a besoin de trois cartes de la table pour le haut et de trois cartes pour le bas. (Certains nouveaux joueurs trouvent que ça aide de se concentrer plutôt sur les "trois de la table" que sur les "deux de votre main".)

Nut low signifie la basse la meilleure possible. Lire une main basse porte souvent à confusion chez les nouveaux joueurs – parfois aussi chez les joueurs expérimentés – mais il y a en fait une façon assez facile de le faire. Tout d'abord, vous devez vous souvenir de la règle des deux cartes de votre main et des trois cartes de la table. Si les cartes communes sont 87532, cela peut rendre 2367 difficile à lire, mais pour lire votre main basse, il vous suffit de prendre la combinaison de cartes la plus basse trouvée en utilisant les trois cartes de la table et deux de votre main.

Mais qu'est-ce qui est le plus bas? Que se passe-t-il quand vos cartes font une paire (contrefaite) sur le tableau? Pensez-y de la façon suivante : la main la plus basse possible est un wheel, un 54321 – ou 54, 321. La main la plus haute la pire qui pourrait aussi qualifier en tant que main basse est 87654 – ou 87,654. Lisez votre main basse en tant que nombre, en commençant par la carte la plus haute et en descendant. Le joueur dont le nombre de la main est le plus proche de 54,321 l'emporte (ou est à égalité si quelqu'un d'autre a la même chose). Les joueurs d'Omaha parlent souvent du "nut low". Il s'agit de la meilleure main basse dans cette manche particulière. Alors que A2, combiné avec 876KQ sur la table créé la meilleure basse possible, 54 combiné à A23KQ sur la table fait le nut low (64,321) dans certains cas. Pas un A2, qui ne pourrait faire qu'un 76421. Si vous êtes confus et ne savez pas comment mettre vos cartes en paire ou contrefaites par la table, lors de l'abattage, montrez votre main et demandez au dealer de lire exactement ce qu'est votre main basse.

Omaha est un jeu de mains nut, si bien que lorsque les mains de dévoilent, entraînez-vous à lire ce qu'est le nut low. Puis commencez à penser à votre main basse par rapport au nut low. Savoir jusqu'à quel point votre main basse est basse n'est pas très important. Ce qui est important, c'est à quel point votre main est basse par rapport au nut low.

Pourquoi jouer au Omaha? Ce site Internet s'appelle jouer au poker gagnant. Si certains nouveaux venus, en lisant cette introduction, seront pressés de le faire, ils doivent savoir que le but est de gagner au Omaha – pas de s'amuser, ni de vous énerver tout seul. Sincèrement, lorsque les limites sont basses, gagner au Omaha est facile, si vous essayez vraiment de gagner, parce que la plupart des joueurs d'Omaha sont vraiment très mauvais, bien plus mauvais que lorsqu'ils jouent au Holdem (qui est une variante moins bien pour débuter).

De nombreuses façons, le Omaha est mathématiquement très simple. Si vous ne jouez que de bonnes mains de départ et que vos adversaires trouvent eux qu'il est bien de jouer presque toutes les mains, et qu'ils ne se préoccupent pas de savoir s'ils jouent pour une mise ou pour quatre, les mathématiques vont rapidement jouer en votre faveur. L'Omaha est le meilleur jeu pour gagner de l'argent, en particulier quand vous avez un bankroll qui est plutôt petit. Le Omaha $3/6 nécessite à peu près la moitié du bankroll du Holdem $3/6, mais votre taux horaire de gain devrait être plus élevé.

Les mauvais joueurs n'ont pratiquement aucune chance de gagner au Omaha sur une longue période, mais ils peuvent remporter des gros pots et avoir de bonnes sessions. C'est aussi vrai du Holdem, mais à un moindre degré, parce que les avances au Holdem sont en général faibles dans les parties larges. Les mauvais joueurs de Holdem peuvent s'entraîner (school) ensemble et remporter des cotes du pot sur leur mauvais tirage, ce qui fait qu'ils ne jouent pas si mal après tout. D'un autre côté, il n'y a pas de phénomène parallèle au schooling dans le Omaha, où il est fréquent que cinq joueurs tirent un stone cold dead pendant que deux autres se partagent toutes les cartes susceptibles d'améliorer la main (par exemple, sur le tournant, le nut flush et le top set sont les seules mains possibles et les cinq autres joueurs avec des baby flush ne peuvent rien tirer).

Le Omaha est un jeu avec des avances massives : le Holdem est un jeu avec de toutes petites avances. Les parties de Omaha low limit sont les parties de poker les plus faciles à remporter — si vous jouez correctement. La plupart des joueurs n'ont pas la capacité, ou plus important, le désir de jouer correctement au Omaha low limit. Si vous jouez pour gagner, en général, les parties de Omaha sont l'endroit où il faut être parce qu'elles sont moins chères (moins de bankroll), plus profitables (taux de gain horaire plus important) et qu'on y affronte les plus mauvais joueurs qui jouent au plus mal. Mais c'est aussi ennuyeux à mourir. Parmi les jeux où l'on gagne et l'on perd, le Omaha n'est pas une partie de rigolade.

C'est pourquoi pour les joueurs moins expérimentés, cela provoque des contradictions. Le Omaha est un super jeu pour les bons joueurs… et la plupart des joueurs inexpérimentés ne sont pas bons… mais c'est très facile d'apprendre à un joueur à jouer bien au-delà de la moyenne au Omaha… mais le conseil de base reste de jouer de façon très disciplinée... mais avoir de la discipline est une qualité qui s'acquiert avec le temps... et c'est ennuyeux comme tout.

Le Omaha est un jeu de précision sans hasard. Une chose qu'il faut comprendre à propos du Omaha, c'est qu'étant donné que vous obtenez un pourcentage de votre main finale plus rapidement, vos mains sont en général bien plus définies que lors d'un Holdem ou un Stud. Après tout, les 7/9è de votre main se trouvent dans le flop. C'est pourquoi lorsqu'arrive le moment de miser, le résultat probable d'une main de Omaha est souvent connu de façon précise. Un joueur qui a 20 ou 12 ou 4 outs a ce nombre précis de outs.

Dans le Holdem, les résultats sont plus souvent hasardeux. Lorsqu'on fait face à plusieurs adversaires, ils peuvent l'emporter en tirant des kickers bizarres ou en renforçant leur paire par derrière. D'un autre côté, le Omaha est beaucoup plus concret. Vous connaissez vos outs – combien de cartes feront le nut de la manche. Lors de parties larges, il y a très peu de mystère. Lors de parties plus serrées, vous n'avez souvent pas besoin de faire des mains nut pour l'emporter, dans la mesure où vous jouez contre peu d'adversaires, mais dans des situations communes de lower limits (c'est de cette façon que la plupart des parties de Omaha se jouent), il y a très peu de choses laissées au hasard dans le jeu. Ce n'est pas comme au Holdem, car avant que la carte de la rivière ne soit distribuée, vous savez en général exactement combien de cartes sont susceptibles de faire de vous un gagnant et combien ne le sont pas.

L'Omaha est un jeu d'information. Le Holdem est un jeu d'incertitudes. Ils ont été conçus de cette façon ! Un jeu large d'Omaha se termine avec les nuts. Un jeu large d'Holdem compte bien plus d'ombres et est plus difficile.

De nombreux joueurs semblent tirer les mauvaises conclusions de la part importante des certitudes qui existent dans le Omaha. Ils pensent que parce que leur nut flush sur le tournant est battu sur la rivière lorsque la carte est posée, cela signifie qu'il y a un côté hasardeux et mystique. Pourtant, c'est précisément l'inverse qui est vrai. Il y a un nombre précis de cartes qui peuvent être posées sur la table et qui vous feront perdre. Il y a par ailleurs un nombre de cartes tout aussi précis qui vous feront gagner. Si vous avez le nut flush sur le tournant, et qu'aucune carte de votre main ne paire la table, que votre adversaire a un set et qu'aucune de ses cartes ne paire la table, il y a exactement quarante possibilités de cartes pour la rivière. Dix exactement vont faire la paire avec la table et vous perdrez. 30 ne feront pas la paire avec la table et vous l'emporterez. C'est purement et simplement mathématique. Au long terme, vous gagnez trois fois sur quatre. C'est un fait connu. C'est ça le Omaha.

Ne vous laissez pas embrouiller par des concepts hors de propos. Ce qui est important, dans n'importe quelle forme de poker, mais plus encore lorsque l'on parle de Omaha, c'est la probabilité de gagner. Ce qui compte, c'est avec combien de cartes et sous forme de quelle combinaison vous pourrez faire la main gagnante. Si vous savez combien de cartes sont susceptibles de faire votre main, vous saurez que sur le long terme, vous remporterez des pots dans cette proportion : si vous avez x% de chances de remporter la main gagnante, vous feriez bien d'avoir au moins la cote du pot correspondante appropriée.

Le Omaha est un jeu de précision, de clarté et d'informations concrètes. Bien sûr, il vous arrivera parfois d'être malchanceux et étant donné que les avances du Omaha sont tellement grandes, lorsque vous jouez de malchance la pilule peut parfois être plutôt dure à avaler. Mais dans la mesure où les avances sont en général tellement importantes, si vous jouez de bonnes mains de départ au Omaha et que vous êtes malchanceux, vous pouvez tout de même gagner. Il vous suffit de conserver votre discipline.

Les mains de départ. A l'inverse du Holdem où c'est le jeu post-flop qui est le plus critique, gagner au Omaha commence fondamentalement par le fait d'avoir une bonne main de départ. Les mains de départ existent avant le flop et c'est là que vous avez des avances énormes contre le champ au Omaha. Sur le tournant, vous aurez souvent des moments où certains joueurs tirent mort et c'est clairement là que se trouve le plus d'argent. Mais la façon la plus simple, la plus directe, et le moyen le plus nécessaire pour gagner ces parties est de ne pas jouer de mauvaises mains et de faire mettre plus d'argent dans le pot lorsque vous avez A255 et que plusieurs de vos adversaires ont des mains du style K965. Faire en sorte que des mains pourries avec des attentes de gain très basses paient avant le flop quand il y a d'énormes dogs est une partie importante de ce qui fait gagner au Omaha.

Sauf si l'on prend en compte les AA et peut être les KK, dans des parties larges, les mains de Holdem dans des parties multiway sont bien plus proches en valeur que le sont les mains de Omaha – la légende urbaine veut que ce soit le contraire. Si vous ne connaissez pas ce concept de base et que vous ne l'appréciez pas à sa juste valeur, vous allez avoir des problèmes au Omaha. Il y a au Omaha un assez grand groupe de mains qui vous permettront de gagner au double du taux des mains hasardeuses. On peut rarement dire la même chose des mains de Holdem. C'est seulement en jouant de bonnes mains de départ et en relançant avant le flop avec beaucoup d'entre elles, que se trouve la base du jeu gagnant dans les parties larges de basse à moyenne limite de Omaha.

Schooling au Omaha. Le "Schooling" (entraînement), est un phénomène commun lors les parties larges de Holdem. Lorsque plusieurs joueurs jouent mal en suivant alors qu'ils ont un tirage faible, comme par exemple des gutshot straights ou des backdoor flushes, ces joueurs se protègent mutuellement, du moins en partie, en rendant meilleur le "prix" de chacune de leur action de suivre. Si un seul joueur suit avec un gutshot draw, il s'agit normalement d'une erreur de taille. Mais si plusieurs joueurs font le même chose, le pot devient assez important pour rendre ces actions de suivre profitables ou tout au moins bien moins mauvaises. Bien comprendre la stratégie qui se met en place lors d'un schooling est une qualité clé pour jouer dans une partie large de Holdem (voir l'article sur le Schooling au Holdem.)

Il n'y a pas de phénomène parallèle au schooling dans le Omaha – c'est plutôt le contraire. Au Omaha, le schooling profite aux favoris, pas au perdants. Ce phénomène inverse à celui du schooling est ce qui fait que le Omaha est aussi profitable sans réflexion. Des joueurs avec quatre outs ou moins suivent des joueurs qui en ont vingt et le nombre de personnes qui suivent n'a pas d'importance. Le joueurs qui a vingt outs continue à en avoir vingt. Malgré la profitabilité inversée du schooling au Ohama, les mauvais joueurs se lancent dedans à tous les coups. Ils regardent le gros pot et suivent les mises en espérant être chanceux, et ce même s'il est possible que leur tirage soit complètement mort.

Supposez que vous floppiez un set de trois rois contre sept adversaires. Les véritables ennemis de votre KKK (ou de n'importe quelle main forte au Omaha) sont les deux premiers suiveurs (ce qui signifie les deux adversaires qui ont le plus d'outs). Sur un flop de KsQd7c par exemple, le AJTx en wrap straight draw nous fait peur. Cela correspondra au premier suiveur ou aux deux premiers. Ensuite, il y a les open-end straight draws. Au dessus de cela, nous sommes favori (pour tous les autres tirages). Ensuite, il y a les backdoor flush draws. Puis nous devons nous inquiéter des lames backdoor straight draws autour de sept. Naturellement, la plupart de ces tirages, qui ont peu de chance de s'améliorer, se chevauchent les uns les autres. Par exemple, si le flush à l'as de trèfle nous suit, nous serons sûrement heureux que le flush au cinq de trèfle suive aussi, avec un tirage mort. C'est vrai qu'il peut arriver qu'ils gagnent parfois, mais en général, nous adorons ces 6ème, 7ème et 8ème suiveurs.

Avec le KKK, si nous partons du principe que nous n'allons pas l'emporter à moins que nous remplissions, et que nous ne remplissons pas sur le tournant, nous aurons dix outs sur les 44 cartes restantes, ce qui signifie que nous remplirons dans 23% des cas. Même si nous ne prenons pas en compte les 3% de cette probabilité, il vous reste encore 1 chance sur 5 de l'emporter. Pour une exclusivité, tout en ayant six, sept ou huit façons d'agir. De plus, nous aurons habituellement notre propre tirage par derrière. Si on a deux tirages par derrière de flush au roi, cela détruira encore plus le peu de pouvoir que les suiveurs six, sept et huit ont, avec le tirage par derrière de baby flush de notre suite qui apporte de l'argent complètement mort à cet aspect de leur main.

C'est pourquoi construire un pot avec une relance précédant le flop au Omaha ne bénéficie pas aux adversaires qui schoolent, mais aux joueurs qui ont une bonne main. C'est le côté retourné de ce phénomène qui expose une autre différence clé entre le Omaha et le Holdem.

Dans les cas de parties larges de Holdem, il y a beaucoup de mains que vous pouvez ajouter à votre arsenal en en tirant des bénéfices. Evidemment, mes bric-à-brac avec un as de même couleur et ce qui s'y connecte de même couleur aussi. Cela n'est pas vrai du Omaha. Une fois encore, la différence de valeur des mains multiway au Omaha est bien plus importante qu'au Holdem. La majorité des mains ne sont tout simplement pas jouables (en dehors des blinds). Si vous vous trouvez sur le bouton et que tout le monde limp in (sous-joue), 3456 reste une main pourrie inutile. Le fait que vous ayez trois adversaires ou sept n'y change rien, c'est une mauvaise main. Vous pouvez jouer quelques mains supplémentaires, mais de manière générale, la faiblesse ou la largesse de vos adversaires n'a pas d'importance, vous ne pouvez pas ajouter beaucoup de mains à votre répertoire des mains qui paient.

Ce qu'il faut faire pour "élargir" dans des parties pareilles, est de viser une relance lors de la plupart des mains que vous jouez. Dans des parties serrées, suivre lorsque quelqu'un sous-joue devant vous est souvent la bonne façon d'agir. Dans une partie large, relancer est souvent la façon de jouer correcte, parce que vous jouez une main avec le meilleur possible. Vous voulez de l'argent mort dans le pot, et vous voulez que des mains mortes courent après ! Elles le feront.

Un jeu de rivière? Certains joueurs aiment appeler le Omaha un "jeu de rivière" parce que c'est la dernière carte qui détermine souvent la main gagnante. Bien que cela soit vrai, la pensée qui découle de cette idée est très faussée. Les mauvais joueurs de Omaha attendent la rivière pour miser – lorsqu'ils savent qu'ils vont gagner (ou perdre). Ce n'est pas sensé ni profitable. L'Omaha n'est pas un jeu de rivière. C'est un jeu de préparation.

Avant le flop : vous devrez jouer des mains pour lesquelles vous avez des attentes élevées. Vous devrez essayer de manipuler la taille du pot, de manipuler vos adversaires de façon à ce que lorsque vous aurez une main qui se comporte bien contre un champ plein, vous jouez contre un champ plein.

Après le flop : le flop est un moment critique. Ici, vous devrez commencer à calculer de façon grossière les probabilités et en déduire vos chances de gagner. Une fois encore, à ce moment là le joueur devra continuer à essayer de manipuler le pot —faire en sorte qu'il y ait plus de jetons dedans quand les cotes vous sont favorables, ou essayer d'en minimiser le nombre quand ce n'est pas le cas.

La carte du tournant est l'aspect le moins important de l'Omaha, mais il s'agit de la fin de la principale partie mathématique du jeu. Dans des parties larges, vous pouvez calculer de façon assez précise votre chance de gagner au moins une partie du pot.

A partir de là, qu'un joueur obtienne ou n'obtienne pas sa main sur la rivière n'a plus vraiment d'importance. Mathématiquement, jusque là, vous avez tout bon et si vous perdez contre un outer, ce n'est pas grave —continuez à faire la même chose manche après manche. Dans l'Omaha (tout comme dans les autres jeux) l'important est d'avoir le meilleur sur le long terme. Il n'y a pas "d'argent leader" au poker. La "meilleure" main est celle qui apporte le meilleur potentiel de gains (y compris le fait acquis que certaines mains remporteront plus de mises que d'autres). Ne pensez pas que ce qui vient de se produire n'était qu'un aspect d'un "jeu de rivière". Je ne pourrais jamais assez insister sur ce point : toutes les actions qui sont vraiment importantes dans une manche se produisent avant que la carte de la rivière n'apparaisse pour vous apporter la malchance.

Une autre chose qu'il faut considérer, c'est que dans le Omaha, un tout petit pourcentage de l'argent des action se fait sur la rivière. L'Omaha n'est pas un jeu de rivière. C'est naïf de le croire. L'Omaha, c'est faire en sorte qu'il y ait de l'argent dans le pot d'une façon mathématiquement avantageuse, avant la rivière. L'Omaha Limit High Low est un jeu anti-rivière !

En d'autres termes, si vous jouez à pile ou face avec un gars et qu'il vous dit qu'il va vous donner $5 à chaque fois que la pièce tombe sur pile, mais que vous devrez lui donner $1 à chaque fois qu'elle tombe sur face, on ne peut pas parler de cette situation comme d'une "partie de pile ou face"! La partie clé de la partie s'est produite pendant la pré-négociation, pas lors de la partie elle-même.

Mener le pot. Une partie large de Omaha tourne principalement autour des nuts. S'il y a un flush, vous voulez évidemment le nut flush. S'il y a un low, vous voulez évidemment le nut low. La raison évidente, bien sûr, est que vous avez la main gagnante plutôt que la seconde ou troisième meilleure main. Mais ce n'est pas le seul avantage au fait de jouer les mains nuts.

Une fois encore, remporter une partie de Omaha nécessite la manipulation du pot – qu'il y entre plus d'argent lorsque vous avez clairement la meilleure main ; éviter qu'il en entre lorsque vous ne l'avez pas. Les mains nuts et les tirages nuts qui se font avec des cartes de qualité peuvent "conduire les mises" alors que les mains qui ne sont pas nut ne le peuvent pas.

Par exemple, regardons l'énorme différence qu'il y a entre KK et JJ -- pas en terme de combien de fois est-ce plus fréquent que KK soit la main gagnante mais en terme de différence de la taille du pot. KK a beaucoup plus de valeur en partie parce que KK peut conduire les mises dans beaucoup de pots alors que JJ ne le peut pas —comme par exemple sur une table de tournant de KQQ7 contre une table de JQQ7. La différence entre ces deux situations est gigantesque. Il y a d'autres raisons qui font que KK est une possession majeure alors que JJ est mineur. Mais la différence qui fait que chacun peut (ou ne peut pas) conduire les mises est une excellente illustration des situations dans lesquelles vous voulez vous trouver quand vous jouez au Omaha.

De la même façon, il y a une très grande différence entre A23x et A2xx sur un flop 87K. La seconde main remportera moins d'argent, pas seulement parce qu'elle risque parfois d'être contrefaite et ne pas être gagnante, mais aussi parce qu'elle ne peut pas mener les mises aussi bien que la première (si elle le peut). A256, A247, A269, toutes ces mains vous ferons gagner plus d'argent pas uniquement parce qu'elles seront souvent gagnantes mais aussi parce qu'elles sont susceptibles de mener les mises beaucoup plus loin et plus fort que l'unidimensionnel A2.

Coopération. Les joueurs avides font de mauvais joueurs d'Omaha. L'avidité stupide coûte souvent des mises aux joueurs parce qu'ils ne comprennent pas que bien souvent, le jeu nécessite des mises coopératives. Supposez que trois personnes soient sur un pot. Sur un flop 8s7s5c, le joueur A mise et est suivi. Le 9h arrive au tournant. Le joueur A mise à nouveau, le joueur B suit, le joueur C relance, le joueur A rerelance, B suit et C plafonne. A et B suivent. Maintenant, la rivière vient faire une paire sur la table avec 9s. Que se passe-t-il maintenant ? Souvent, le joueur A va miser, sans main haute et le joueur B va relancer, sans main basse. Cela va conduire le joueur C qui a une quinte et un low faible hors du pot. Traduction : les joueurs A et B ont été stupides. Au lieu de coopérer pour obtenir au moins une mise du joueur C, ils n'en ont eu aucune. Si le joueur A mise bêtement, le joueur B devra suivre dans l'espoir d'obtenir une mise du joueur C ou peut être une relance stupide. La meilleure façon de jouer serait pour le joueur A de checker, le B de miser et C de suivre. A aurait alors checkraise et aurait fait suivre le joueur B. De cette façon, vous obtenez au moins une mise de la part du joueur C, peut être même deux. Pensez à la façon dont vous pouvez utiliser les mises coopératives entre les mains hautes et basses pour extraire des mises de la part des joueurs qui se trouvent au milieu. Ne soyez pas avides, cela risque de vous coûter de l'argent.

Chance. Si l'emphase faite sur la nature non-hasardeuse et mathématique du jeu est importante, je voudrais tout de même mentionner quelques points sur la chance dans le Omaha. Tous les jeux de poker ont une part de chance. L'Omaha est la variante la plus directement mathématique du poker – très peu est laissé au hasard, beaucoup d'informations sont connues. Si bien que lorsque quelqu'un fait un miraculeux outer sur la rivière, certaines personnes penseront à tort que l'omaha implique beaucoup de chance alors que c'est tout le contraire. L'Omaha est un peu comme un jeu de roulette. Si vous avez misé sur tous les chiffres mis à part un, lorsque la roulette s'arrête sur ce chiffre, c'est vraiment un coup de malchance. Maintenant, supposons que la personne qui a misé sur ce nombre a misé autant d'argent que vous. Vous aviez 36 chances de gagner, il en avait une et vous jouez pour le même prix. Le résultat au long terme de ce jeu ne va certainement pas être déterminé par la chance! Vous allez écraser votre adversaire, que ce soit rapidement ou un peu plus tard. Il a été très chanceux, mais ce n'est pas grave, tant qu'il continue à vouloir faire la même mise encore et encore.

Le Holdem est beaucoup plus influencé par le hasard que le Omaha (ou le Stud). C'est la raison pour laquelle c'est le jeu le plus populaire. Les mauvais joueurs peuvent mieux s'en sortir, jouer plus longtemps. Mais bizarrement, le Holdem demande plus de qualités au long terme. Remporter au Holdem signifie exploiter de petites avances souvent. l'emporter au Omaha signifie exploiter d'énormes avances, moins souvent.

De manière générale, l'Omaha est un jeu bien plus simple. Lorsqu'elles sont jouées par de bons joueurs, les parties d'Omaha sont horribles -- à moins que les blinds soient énormes, forçant les joueurs à prendre des risques. C'est la raison pour laquelle l'Omaha se joue souvent avec un kill, afin de générer de l'action dans un jeu qui autrement en connaîtrait peu. C'est aussi la raison pour laquelle le Omaha ne sera jamais le jeu du futur. Parce que les mauvais joueurs n'ont aucune chance. Les bons joueurs les mangent vivants. Dans de nombreuses villes, les jeux de Omaha ont du succès pendant un moment, puis ils se tarissent lorsque les mauvais joueurs retournent vers le Holdem, où ils ont plus de chances de pouvoir se battre grâce à la chance due au hasard.

Quartered (lorsque le pot est divisé en quatre). Lors de parties larges, vous ne devriez pratiquement jamais penser au risque d'être quartered (lorsque vous avez la même main basse qu'un autre joueur). Cela ne coûte d'ailleurs presque jamais bien cher d'être quartered au Omaha limite. Lors de parties larges, l'un des principaux jeux que vous devrez avoir à l'esprit est comment obtenir les trois quarts d'un pot avec des mains comme le nut low et une paire. De trop nombreux mauvais joueurs se fixent de façon obsessive sur le fait d'être quartered avec ce type de main, au lieu de se concentrer sur le fait d'obtenir les trois quarts du pot occasionnellement. La façon la plus rapide de se remettre de la peur pathologique d'être quartered, est de faire des calculs mathématiques dans des situations variées dans lesquelles vous obtenez un quart. Ce n'est jamais une grosse perte. Maintenant, comparez cette situation avec des mains où vous réussissez à obtenir les trois quarts de pots de différentes tailles. Vous verrez rapidement que de nombreuses petites pertes causées par le fait d'être quartered sont compensées par les quelques occasions où vous aurez réussi à recueillir les trois quarts.

Scooping (remporter l'exclusivité du pot). Le but du poker High-Low Split est de remporter l'intégralité du pot -- tout, de ne pas partager. De nombreux joueurs qui sont mauvais ou inexpérimentés pensent qu'ils jouent bien parce qu'ils se concentrent sur des mains A2 ou A3 qui font le nut low. Ces mains sont jouables, évidemment, et avoir la moitié d'une miche de pain est mieux que rien, mais ce n'est certainement pas la raison pour laquelle vous devriez jouer au Omaha (ou au Stud HiLo aussi d'ailleurs).

Une fois de plus, le fait de faire des calculs simples est très éclairant. Scooper un pot n'est pas seulement deux fois mieux que le partager. Supposez que vous jouez un pot à cinq. Chacun y entre $80. Si vous partagez le pot, vous remportez $200 et faites un profit de $120. Mais si vous scoopez, vous faites un profit de $320 pour un gain de $400. Ce n'est pas deux fois mieux. C'est 2.67 fois mieux. Dans un pot à 3 où chacun a mis $80, si vous partagez, vous obenez $120 pour un bénéfice de $40. Si vous scoopez, vous gagnez $240 pour un bénéfice de $160 – quatre fois plus.

La véritable raison de jouer les mains A2 n'est pas pour avoir le nut low et partager le pot. La raison de jouer cette main est que si parfois cela voudra dire partager le pot, cela permet à une autre partie de votre main de viser le reste du pot et de scooper. Lorsque vous jouez une main A2, vous voulez en fait utiliser aussi d'autres aspects de votre main, qui vous permettra de remporter l'intégralité du pot. A2 signifie uniquement que ce n'est pas dangereux pour vous de jouer. Cela vous donne aussi la chance d'avoir des quintes ou des flushes par derrière pour lesquelles vous ne seriez pas resté dans le pot dans un autre cas de figure. On en revient au fait de "mener le pot". A2 vous permet de mener le pot dans des situations comme celle où vous avez A2JT avec le nut flaw au tirage et 4678 sur la table. Votre A2 vous permet de rester dans la partie pour le gutshot straight draw, et vous permet de miser agressivement sur votre nut flush draw. C'est là que se trouve l'argent, pas si vous partagez le pot avec votre nut low.

Unités de quatre cartes. L'illustration ci-dessus devrait aussi aider à démontrer que les mains du Omaha sont des unités de quatre cartes. Malgré l'aspect du "il faut en jouer deux", les mains de Omaha ne devraient pas être considérées comme six détentions de deux cartes. Le faire est faire preuve d'une mauvaise compréhension fondamentale du jeu. La section RGP Posts de ce site Internet présente plusieurs erreurs concernant le système de décompte des points de l'Omaha et les tableaux de mains de départ en général. Il y a de nombreuses raisons qui font que ces systèmes sont de mauvaises idées, mais l'une des erreurs de base de ces tableaux est de considérer les mains de Omaha comme plusieurs unités de deux cartes.

Il ne devrait pourtant pas être difficile de voir que si 3d3h est complètement inutile quand il est pris seul, il devient un aspect très puissant d'une main coordonnée lorsqu'il est combiné avec As2s ! Voir 33 en dehors de son contexte et du A2 est une erreur sérieuse.

Au-delà de la pensée simpliste sur les mains de départ, il est très important de considérer les mains de Omaha comme des unités de quatre cartes après le flop. Il se peut que vous jouiez As2s3dQd, mais que vous terminiez avec un flop de Qs9c2c. Avant le flop, aucun système de comptage des points ne donnera à l'aspect Qd2s aucune valeur, mais maintenant, sur le flop, il fait partie de l'intégralité de votre main et vous devez penser en terme de comment avoir deux paires, flush draw par derrière, nut low draw par derrière, un wheel draw par derrière, etc. Les mains du Omaha hands ont plusieurs visages et sont multidimensionnelles. Elles devraient être vues et analysées comme des tous intégraux, pas en tant que parties séparées. Une main d'Omaha pourra être meilleure que la somme de ses différentes parties, parfois plus mauvaise, mais les mains du Omaha sont toujours de quatre cartes.

Analyse de la situation et mains de départ. Pour gagner au poker, il faut toujours faire preuve de jugement situationnel. Certaines personnes détestent cela. Ils veulent des réponses faciles. Parfois, des problèmes difficiles ont des réponses faciles, mais la plupart du temps, ils n'en ont pas. Le Holdem est plus un jeu de situation que l'Omaha, mais à cause de cela, lorsqu'il est nécessaire de faire des jugements de situation au omaha, ils sont en général vraiment critiques –voire stimulants. Par exemple, vous ne devriez pas beaucoup bluffer lorsque vous jouez une partie large d'Ohama, mais il y a tout de même beaucoup de bénéfices qui pourront être gagnés par le bluff, précisément parce que personne ne pense que c'est une partie importante du jeu!

La plupart des joueurs jouent beaucoup de mains au Omaha, plus que ce qu'ils jouent au Holdem. La bonne façon de jouer est l'inverse. Quelque soit le nombre de mains que vous jouez au Holdem, vous devrez en jouer moins à l'Omaha. (Une nouvelle fois, le Holdem est un jeu post-flop pour lequel jouer des mains pourries avant le flop peut souvent être une bonne manœuvre du point de vue de la situation.) Si vous jouez à l'Omaha avec des gens qui ne respectent pas ce concept, comme le font la plupart des joueurs d'Omaha, vous devrez vous concentrer uniquement sur les mains fortes et, lorsque la situation s'y prête, quelques mains extrêmement spéculatives susceptibles de vous faire faire de gros scoops.

Ce dernier groupe se réduit à KKxx, et QQ avec deux autres cartes décentes. Toutes les autres mains devraient au choix comprendre A2, A3, Ax en suite, ou être extrêmement coordonnées (KQJT, QJJT, 2345). Les mains plus faibles que cela sont plus spéculatives (voir les trois exemples). Elles ne sont pas très bonnes, et ne gagnent pas si souvent, c'est pourquoi vous voulez essayer de ne les jouer que pour une mise, mais quand elles l'emportent, elles paient bien, c'est pourquoi si vous jouez une partie faible ou large, elles devront être jouées. Lors de parties plus serrées, il faudra normalement les laisser passer.

Une très bonne main, non spéculative comme A23K avec une suite sur le Roi sera un scoop entre 20 et 50% de fois plus souvent qu'une main au hasard, selon le nombre de joueurs et les facteurs de position (et splitera beaucoup plus que n'importe quelle main). Si vous êtes sur le bouton et que vous ne relancez pas sur cette main quand tout le monde sous-joue, vous jouez un mauvais poker. D'un autre côté, normalement, vous ne voulez pas relancer avec le couteau sous la gorge avec des mains comme A234 parce que vous voulez des joueurs. Vous voulez jouer avec de très bonnes mains pour une relance, vous voulez essayer de faire entrer une mise supplémentaire quand vous le pouvez, mais parfois, vous ne pouvez pas.

Les points de départ très généraux lorsqu'on joue des parties plutôt larges sont : AAxx, A2xx, Ax en suite, A3xx, quatre cartes dix ou au delà (sauf trips), KK avec deux cartes décentes. Et c'est à peu près tout. Mais il y a des exceptions comme par exemple AKsQs4. Ne considérez pas ceci comme des règles rigides. AK54 est une main bien meilleure que A397 de couleurs différentes. Les mains solide "one-way" sont OK. Vous voulez remporter l'intégralité du pot. Les grosses cartes remportent les gros pots, mais elles ont des fluctuations plus importantes.

Le début de la fin. La stratégie plus perfectionnée du Omaha va au-delà de ce qui est écrit au dessus, mais la plupart des joueurs d'Omaha ne s'approchent même pas de tout ce qui a été mentionné ici. Une fois que vous pensez correctement à votre approche du jeu, comme par exemple être en mesure de bien voir qu'il vaut mieux scooper que splitter, le concept de la stratégie plus perfectionnée devient plus rapidement apparent et votre jeu saura évoluer et s'adapter.

Une raison importante pour laquelle les bons joueurs battent les mauvais joueurs au Omaha, c'est parce que les bons joueurs pensent au bon jeu. Ne soyez pas inquiet à l'idée de perdre des pots. Il s'agit là d'une vision de tunnel défaitiste. A la place, préoccupez-vous de faire entrer de l'argent lorsque vous avez la meilleure main, coup après coup après coup. Puis laissez les mathématiques s'occuper des choses au long cours. C'est ça l'Omaha. Ou en tout cas l'introduction à ce jeu...